Chelsea Pied-à-Terre

Stanley Park 

Pour l’un de leurs derniers projets, l’agence américaine Stadt a travaillé sur une petite superficie avec, pour exigence, de la reconnecter avec le monde végétal. Immersion dans l’éco-planète d’architectes inspirés.

C’était un peu de Vancouver et de sa région, que les propriétaires voulaient amener ici. Ici, en plein cœur de New York, cité américaine où, malgré les efforts éco-urbains de la ville, la jungle des bâtiments prend le pas sur une nature canadienne plus éloquente. Véritable challenge, il fallut sans doute un peu d’imagination à l’équipe de l’agence Stadt pour insérer en plein cœur de la ville, l’idée d’une nature plus prégnante, sur une superficie de 50 m2. Situé dans le quartier de Chelsea à New York, le Pied-à-Terre réimaginé par l’agence Stadt a tout d’une œuvre d’inspiration. Celle du parc Stanley de Vancouver en l’occurrence. Un poumon vert de plus de 400 hectares qui avale presque toute sensation d’étouffement urbain. Mis à l’échelle du petit Pied-à-Terre de Manhattan, les solutions font évidemment sourire. Pourtant, Christopher Kitterman ne s’est pas laissé abattre. Directeur de l’agence, Kitterman est habitué aux challenges des petites superficies en quête d’un nouvel élan. Pour cette adresse de l’East Side, donc, l’architecte a “ré-enchanté” une vue aérienne du parc canadien. Avec une voûte céleste, couverte de feuilles d’or, qui perce des couches de verts saturés, le plafond et le mur de la tête de lit de la chambre offrent une vue sublimée d’une nature parfaite et lénifiante. Plus encore, l’architecte s’est offert le luxe de ne pas restreindre sa canopée aux seuls usagers de l’unique pièce à dormir du petit appartement. Malicieusement, il a en effet clos l’enceinte de cette pièce privée par des portes de verre dépoli qui filtre grossièrement les teintes de verdure qui hantent le mur qui leur font face. Du petit salon, on voit ainsi dans un flou Turnerien, les prémisses d’une nature annoncée. Au sol, Kitterman a parié sur la simplicité. Un bois de chêne naturel qui couvre la chambre et se poursuit jusque dans la pièce de vie. Plus loin dans la cuisine, un terrazzo, délimitant l’espace, prend le relais, et au pas- sage fait perdurer l’élément très organique du lieu. Dans cette enveloppe citadine redessinée de façon presque bucolique, l’architecte n’a pas manqué de rééquilibrer son projet, devenu clairement plus spacieux, dans une gestion méthodique du mobilier.

Un lit bas et large agrémenté de chevets Bob de Jean-Marie Massaud (Poltrona Frau) de chaque côté, d’une carpette (ABC Home) aux tons d’un tapis de forêt d’été qui habille le sol du salon et sur lequel sied la table basse Pedrera de NBarba Corsini (Gubi). À côté, le sofa (ABC Home) vert olive s’impose comme un extension naturelle de la chambre contiguë. Quelques photos figeant l’horizon, signées Sze Tsung Leong, donnent une profondeur de champ qui semble pousser les murs vers un ailleurs rêvé . Quant à la cuisine, parée d’un blanc immaculé, elle semble s’éclipser comme dans un rêve lumineux, pour devenir le temps d’une visite, l’entrée d’un petit appartement de 50m2 très habilement repensé.

www.stadtarchitecture.com 

Photos : © David Mitchell


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