Maison A by James Bansac et Claude Cartier – Écully

La richesse des contrastes 

L’architecte James Bansac et la décoratrice d’intérieur Claude Cartier révèlent la Maison A à Ecully : des contours méditerranéens et des intérieurs ultra chics mélangent audacieusement les styles. Une traduction remarquable et inattendue de l’habitat contemporain. Zoom sur ce prodigieux exercice.

 

Au départ de l’aventure, il y eut l’architecte James Bansac, choisi par les propriétaires de ce terrain, à Écully près de Lyon, pour bâtir la maison idéale. « Ce jeune couple avec enfants voulait une demeure à l’architecture plutôt minérale », relate James Bansac. Afin de ne pas tomber dans l’écueil d’une potentielle froideur, l’architecte se tourne alors vers un esprit « méditerranéen contemporain », avec l’idée de conférer à la Maison A une certaine sensualité pour égayer son environnement assez monotone. Ainsi est née cette demeure de 250 m2 à l’architecture assez horizontale, avec des terrasses, une piscine, une vaste pièce de vie et quatre chambres. Pourvue de façades mêlant le verre, la pierre grise et un enduit gris clair et beige, elle se démarque surtout avec ses immenses moucharabiehs horizontaux – au dessin inspiré de la façade du Mucem de Rudy Ricciotti à Marseille – en Duralmond qui protègent les terrasses du soleil. Ce dernier matériau – un mélange de coquilles d’amandes broyées et de résine – donne par ailleurs de l’épaisseur à ces « casquettes » et ajoute de la force au projet. Pour les intérieurs, James Bansac et les propriétaires ont collaboré avec Claude Cartier, fondatrice de Claude Cartier Studio. Et la décoratrice d’intérieur lyonnaise a produit ici un travail magnifique. La maîtresse de maison, passionnée de design, souhaitait des pièces de caractère ; elle ne craignait ni le graphisme, ni la superposition de motifs. « Vivre dans un décor audacieux » : tel était le désir du couple. Dès l’entrée dans la maison, cette envie se manifeste. Majestueuse avec sa double hauteur et son cube miroir devant lequel trône le cabinet Precious en cristal et laiton de CTRLZAK (Editions Milano), elle révèle un gigantesque dessin qui reprend l’esquisse du moucharabieh extérieur, et relie le dedans et le dehors. L’ensemble cache l’escalier qui mène à l’étage abritant les chambres et les salles de bains, dont la suite parentale au mobilier contemporain éblouissant. Cette dernière évolue dans une « ambiance un peu milanaise », selon la décoratrice, tout en évoquant la nature voisine. « Il était intéressant de reprendre l’idée du végétal mais de manière plus précieuse. » Ainsi, elle a associé quelques pièces assez surprenantes : lit Wings de Jaime Hayon (Wittmann), suspension 01 de Marie-Lise Fery (Magic Circus), lampe Segment de Dan Yeffet (Collection Particulière), moquette Palmador de Dimore Studio (Pierre Frey), bout de lit Tripolino en marbre et franges de Cristina Celestino (Editions Milano), etc. On frôle presque la surcharge, mais avouons que le résultat est vraiment convaincant ! Idem dans la pièce de vie où Claude Cartier a effectué un travail aussi aventureux que maîtrisé. Dans le salon, elle a imaginé une harmonie contemporaine conjuguant codes modernes et classiques, matières brutes et précieuses.

La pièce suggère un appartement haussmannien chaleureux avec ses moulures et son parquet chêne actuel en point de Hongrie, tout en s’inscrivant parfaitement dans notre époque avec son panneau en béton (Panbeton Modern de Ich&Kar pour Concrete LCDA), ses assises Moroso, sa table basse en marbre et métal (Gubi), son tapis coloré à rayures (Golran), etc. Ce décor est sublimé par des panneaux à la feuille d’or réalisés par Roseyma Marion, le tissu Rubelli du fauteuil Big Mama (Moroso), les appliques en laiton satiné de Baxter ou encore le lustre en laiton de Magic Circus, inspiré des cabarets des années 20… Très dessinée, la cuisine en marbre vient se confronter à un pilier en faïence Métro noire… Le tout, près d’un tapis à la forme atypique avec des dégradés de rose poudré (CC-Tapis) – très milanais lui aussi –, dont la sophistication dialogue avec l’apparente simplicité des chaises en paille de Vienne (Gebrüder Thonet Vienna). De ce décor peuplé de belles références design, mais aussi de différences, est née l’harmonie suprême. Le luxe d’un intérieur douillet, rêvé et raffiné.

www.claude-cartier.com

www.james-bansac.com


       Retrouvez l’article dans notre Artravel n°78 — Design de Luxe


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