One Forrest Road

Esprit de famille

Quarante années d’expérience, une agence créée en 1984, deux enfants dans les traces de leur père, grâce à la marque M Square Lifestyle (agence de design), et un autre, sculpteur de renommée internationale. Et enfin, Santa, la femme de Nico van der Meulen, sans laquelle rien ne semble tout à fait se faire. C’est le portrait d’une famille, le clan de Nico van der Meulen. Zoom sur la maison One Forrest Road, l’un des derniers projets de cette agence multidisciplinaire.

Tout débuta sans doute avec Nico van der Meulen, alors jeune Sud-Africain, dont la ferme parentale lui sert de laboratoire d’apprentissage. Bâtis, ponts et autres structures font alors le bonheur du jeune homme qui paraît faire feu de tout bois. À l’heure des études, il semble peu surpre- nant de voir le jeune Nico prendre la voie du Génie Civil. Douze années plus tard, Nico van der Meulen se fait pourtant rattraper par la passion latente qu’il avait en lui : l’architecture. Et de commencer sa nouvelle vie avec en tête, l’écologie, et en toile de fond, la forte conviction que la fonction doit toujours primer sur l’esthétisme. Depuis, avec une approche toujours plus affinée, Nico van der Meulen poursuit son ouvrage. Lui et son équipe travaillent ainsi sur des projets résidentiels, mais aussi des développements plus vastes comme celui de 4 000 habitations implantées, pour plusieurs d’entre elles, sur des zones environnementales sensibles. Et aujourd’hui encore, fonction et environnement restent les piliers de cette agence multidisciplinaire. Un mantra que l’on retrouve dans l’un de ses derniers projets, la maison One Forrest Road, située à Inanda, près de la ville de Sandton en banlieue de Johannesburg, dont on aperçoit à l’horizon, les contours illuminés. Avec plus de 1 500 m2 de surface, la résidence offre des proportions généreuses qui s’abordent par une large et imposante porte cochère de verre (qui s’obscurcit sur commande) et sa façade de béton qui ne laisse rien entrevoir du monde qui se cache derrière ces murs. C’en est autant pour le travail sur l’intimité. Une fois à l’intérieur, changement d’atmosphère, car c’est la tran- sparence des lieux qui prévaut, et offre des vues sur les étages, le spa, et la piscine postée à l’arrière de la maison, et son jardin attenant. Pour permettre à chacune des pièces d’accorder un peu de vie privée, les architectes ont ici utilisé, comme un moucharabieh, des poutres métalliques de différentes longueurs qui barrent la vue horizontalement et laissent entrevoir le dedans/dehors. Au rez-de-chaussée, le jardin, auquel on accède par les pièces de vie, cuisine et salle à manger, entièrement ouvertes vers le monde extérieur, offre des espaces de farniente, entre barbecue et piscine. Une véranda permet quant à elle de moduler les excès de température. À l’étage, la chambre principale offre pour sa part, un confort maximal là encore voué au contentement absolu des hôtes, comme ce spa soigneu- sement orienté pour attraper les premiers rayons du soleil et la chambre attenante qui dérobe elle aussi le meilleur du soleil d’hiver. Qu’en est-il alors de cette architecture durable si chère à Nico van der Meulen ? Pour cet espace, l’architecte a multiplié les efforts, en forant d’abord dans le sol, à plus de 100 mètres de profondeur, pour y placer neuf sondes répondant à la station géothermale installée en sous-sol et qui régit la maison : sa chaleur, sa fraîcheur, ainsi que son spa et sa piscine. Des panneaux photovoltaïques, placés sur le toit, permettent pour leur part, une production généreuse d’électricité tandis que les eaux des pluies sont récoltées (jusqu’à 20 000 litres) pour servir à l’usage domestique de la maison. Des processus qui font entrer de plain-pied la maison One Forrest Road dans la sphère privilégiée d’une architecture, certes de luxe, mais hautement responsable.

www.nicovdmeulen.com

Photos : © David Ross