Élevées dans les grands espaces américains, les trois associées de l’agence de paysagisme Arterra, Kate Stickley, Vera Gates et Gretchen Whittier, ont fait de leurs vies un métier, une passion. Histoire de [bonne] nature et d’art de vivre…
Si l’habit ne fait pas le moine, les jardins semblent pourtant parler à voix haute de leurs jardiniers ! Pour ceux imaginés par l’équipe des paysagistes de l’agence Arterra, le timbre est clair.
Des traits propres et légers, signes incontestables d’un dessein contemporain parfaitement maîtrisé et qui donnent aux divers projets de l’agence une lecture irréprochablement nette de leurs conceptions. Ajoutez à cela une utilisation de matériaux bruts, aux coupes toujours très franches (métal, bois et béton) et le constat trouve alors enfin sa concorde. Pourtant, il serait bien injuste d’enfermer le travail de l’équipe dans ce qui deviendrait alors une simple caricature.
À y regarder de plus près, le travail d’Arterra montre en réalité une complexité insondable à l’œil trop futile, offrant aux observateurs une syntaxe plus complexe qu’il n’y paraît, un laisser-aller qui donne l’impression toute simple que la nature reprend doucement ses droits sur l’orchestration manifeste de cet ordre. Empiétant ici et là, les buissons, les arbres et les fleurs s’immiscent ainsi sans gêne sur les droites dessinées par Kate, Vera, Gretchen et leur équipe. Elles bouleversent les rectilignes pour leur offrir ce sentiment un peu léger d’un capharnaüm végétal, une poésie aussi insaisissable qu’évanescente qui procure un sentiment de lâcher prise séant parfaitement aux âmes rêveuses. Et de fait, c’est bien là que gît tout l’art de l’agence Arterra. Cet instinct bohème qui semble habiter les gènes d’une équipe élevée au gré des vents et des épis de blé blond. Ce seront sans doute les influences de l’enfance de Kate Stickley, dans les vallées du sud-est de la Pennsylvanie, et plusieurs autres sur les côtes de Floride ou celles du sud-est de la France… Ou bien encore, celles de Vera Gates, passées dans la ferme familiale du Vermont à admirer ses parents construire eux-mêmes leur demeure ou à cultiver les prés. Ou celles de Gretchen Whittier qui s’occupait petite de cultiver le jardin potager de sa mère ou bien aidait son père à construire des cheminées de brique.
Les histoires ici ne semblent décidemment pas fortuites pour ces femmes qui ont aujourd’hui fait de leurs récits personnels, une passion, un choix de vie. Celle de la nature, comme une véritable raison d’être, un art, mais aussi une entreprise. Complexe, précise et rigoureuse. Une activité entièrement bâtie sur une connaissance parfaite des plantes et des sols. Mais aussi des matériaux, des couleurs et mobiliers de jardin qui concourent à produire un rendu profond, plein de saveurs… Et de donner cette impression presque naturelle d’une vie dedans/dehors, sans autre marqueur que celui de la beauté et de l’infinie continuité.
Close to the land – WOODSIDE, CA
Lantern House -PALO ALTO, CA
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