Formés tous les deux à l’art de la construction, Stibbard et Fitzpatrick ont d’abord pratiqué au sein d’un studio d’architecture pour plus tard ouvrir leur agence, en 2011. Depuis, la région de Victoria en Australie se régale. Car si les projets de l’agence Auhaus sont déjà nombreux et différents, tous semblent œuvrer à offrir de véritables maisons à vivre.
À commencer par le projet Torquay Concrete, l’un des derniers en date, qui surprend tant par sa forme que par l’usage fait du béton et du bois que les architectes ont décidé d’associer ici.
Au premier abord, c’est au bloc de béton, massif et imposant, que l’on fait face. Puis le bois prend le relais, adoucissant au passage les traits si bruts de l’agglomérat de minéraux. Épais et délicieusement grossier, le béton fait office de remparts, protégeant massivement du monde extérieur, la vie intérieure, secrète, de la maison. Là, un jardin suspendu et quelques archères offrant des vues sur les marécages voisins apportent aux hôtes leur espace privé de verdure. Un mur de verre, couvrant les deux étages, connecte la cour intérieure et les pièces de la maison, qui jouissent toute au passage de la lumière naturelle qui s’y infiltre dès le lever du jour. C’est d’ailleurs peut-être ce contraste du monde privé et de la vie intérieure, ou ce sens fort de l’enceinte, gardienne et protectrice de l’habitation, qui domine dans l’architecture de Stibbard et Fitzpatrick. Un sens que l’on retrouve dans les maisons 13th Beach Courtyard, Beach Brick et Bluff. Chacune s’érige en effet comme une petite forteresse. Bâties sur un terrain de golf, les trois maisons doivent toutes répondre aux besoins d’intimité des familles, mais aussi à celui de sa relation directe avec le monde naturel qui les entoure. Là encore, les enceintes jouent le rôle de cuirasse. Convexes, elles invitent à une vie tournée sur la vie intérieure de la maison, loin des regards d’autrui, laissant seuls les hôtes à choisir ou non d’observer, à partir de points stratégiquement choisis, la vie qui se déroule au-delà de leurs murs. Seule peut-être, la maison Ivanhoe paraît faire exception. Ou pas… Courbe dans sa forme structurelle – on n’échappe pas à ses instincts ! – elle offre – surprise ! –, et ce de toute part, un lien immédiat avec le paysage boisé qui l’entoure. Il faut dire, qu’exempte de voisinage direct, elle peut alors s’ouvrir complètement, sans pudeur, vers son environnement. Est-ce là exception à la règle ? En réalité pas vraiment, puisque c’est encore l’environnement qui, à nouveau, comme pour tous les projets de Stibbard et Fitzpatrick, détermine la maison. Son sens. Sa raison d’être.
Retrouvez l’article dans notre Artravel n°77 — Spécial Habitat
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