Caractères spéciaux
Créée en 2011, l’agence d’architecture canadienne MBMH (McLeod Bovell Modern Houses) a depuis lors fait sa place sur un marché de l’architecture en constant mouvement. Rencontre avec la philosophie McLeod Bovell.
Sur le papier, l’affaire est entièrement vouée au choix de vie du client. Une affaire qui laisse l’imagination de Lisa Bovell et Matt McLeod – les deux architectes qui se cachent derrière l’acronyme du nom de l’agence d’architecture canadienne MBMH (MH est pour Modern Houses, des maisons modernes donc) – aussi vierge qu’une page blanche. Pourtant, rien ne serait plus faux que de penser que Lisa Bovell et Matt McLeod ne seraient que les simples exécutants du désir encore informe d’un client bien en peine de décrire son lieu d’habitation parfait. Pousser la porte de l’agence MBMH, c’est, comme qui dirait, choisir sa crémerie, Un choix conscient. Celui d’une architecture moderne. Mais là encore, pas n’importe laquelle. Dessiner une maison, c’est accepter le compromis. Celui de l’espace, de ses limites, mais aussi du potentiel que le site de construction apportera à la qualité de vie de ses habitants. Lisa Bovell et Matt McLeod voient cela lorsqu’un client passe la porte de leur agence. Si l’échange permet d’imaginer les contours, ce sera aux deux architectes d’inscrire ces contours dans le contexte qui leur a été donné. De leur donner une forme pour devenir, en fin de projet, un lieu d’habitation. Une maison. Mais Bovell et McLeod ne s’arrêtent pas aux seuls apanages d’un modernisme minimaliste. Dans Modern Houses, il faut aussi comprendre que les projets seront estampillés de la marque de fabrique de l’agence. Oublier les traits d’une architecture un peu couarde qui s’éclipse devant l’environnement. Oublier les intérieurs fades et sans ADN qui exultent le showroom sublimement impraticable. Les maisons signées par Mcleod et Bovell sont, au contraire, truffées d’un ADN fort et assumé. Cet ADN se retrouve dans des structures toujours marquées, qui n’hésitent jamais la projection en porte-à-faux pour se mettre en adéquation avec la topographie d’un site. Les surfaces mélangent les impressions entre douceur et granulosité, les portes glissent pour faire surgir de nouveaux espaces, ouvrant le champ à une multitude de possibilités. Dedans, dehors, les pièces donnent l’impression de vivre comme bon leur semble, offrant alors à l’espace de vie un flux naturel connectant les deux mondes. Des mondes où les couleurs organiques dominent certes – c’en est autant pour la palette de l’architecture moderne ! –, mais où les palettes jouent parfois la contre-attaque – sur fond de couleurs vives – pour œuvrer dans le sens d’une structuration spatiale qui exige l’oxymore visuel. Confort oblige !
C’est d’ailleurs cette impression globale qui se dégage des projets de l’agence McLeod Bovell. Cette impression de confort naturel, inhérent aux espaces dessinés par les deux architectes. Pas de surplus donc, mais toujours ce souhait de créer des espaces à vivre, qui donnent irrépressiblement envie d’y vivre.
Photos : © Ema Peter et © Martin Tessler
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