Le pari orgueilleux et minimaliste de l’architecte Mário Martins
Un blanc exclusif, une géométrie froide mais sculpturale où le bleu magique de l’eau turquoise de la piscine évoque, sans rivaliser, le bleu plus profond d’une mer qui dessine l’infini. Ce blanc orgueilleux qui habille et meuble avec prestance le vide et confirme avec dédain et allure un confort absolu.
La maison Carrara donne vie à l’équilibre en respectant et en améliorant l’emplacement fantastique, située dans la réserve de Luz à Lagos, en Algarve. La conception est plus qu’audacieuse, avec ses formes anguleuses et très longues qui sont sculptées dans un parallélépipède. On pouvait craindre la froideur, on découvre l’harmonie. L’utilisation de matériaux tels que le marbre, le bois, le cuir et le laiton vieilli, ces éléments qui ont su traverser l’histoire de l’architecture, accentue à la fois la noblesse et la simplicité désarmante. Ces matériaux soutiennent, donnent tout à la fois sens, échelle et élégance. Ils inscrivent le projet dans l’histoire des hommes. Le marbre de Carrare, présent à la fois sur la façade et à l’intérieur, célèbre la coexistence et la continuité du langage entre les espaces. Cette intervention audacieuse de l’architecte sait, en outre, brillamment combiner le minimalisme de la disposition de la maison avec la couleur et l’essence de la terre. En incorporant des nuances terre-cuite, Mário Martins enracine le projet avec maestria. Et c’est ainsi que les espaces pleins et vides cohabitent avec évidence. La terrasse, longue de plus de trente mètres, s’impose et surprend au premier regard. Elle sert d’embellissement mais aussi de couronnement, paradoxalement horizontal, et elle devient ainsi l’élément de finition de l’ensemble architectural. Il fallait l’oser, Mário Martins le fit.
La terrasse est donc une réinterprétation conceptuelle, dans un langage délibérément sec et simple, pour montrer clarté et proportions. En tant que partie intégrante de la maison, elle remplit en même temps la fonction de cadre pour un endroit particulièrement privilégié, apportant de l’ombre et distribuant les différentes chambres. Elle est orientée vers le sud et donne sur la mer, où le salon et la cuisine coexistent dans un seul espace ouvert, subtilement défini par les fonctions. Nous retrouvons là le blanc absolu judicieusement réchauffé par les teintes terre-cuite des chaises, des assises de bar et la table en bois clair. Ou des canapés, tables ou fauteuils dans le salon. Dans les chambres : grands lits blancs, placards laqués blanc plus brillant, à peine marqué par quelques touches d’un noir jais qui dessinent un fauteuil géométrique ou l’ovale inattendu d’un vase solitaire. Une sélection minutieuse et méticuleuse des pièces clés qui apportent l’âme à ce lieu. L’éclairage, bien sûr, participe : lampes de Flos et Gervasoni, élégants compléments de la marque Guadarte. Les œuvres d’art de Maria Beatitude renforcent la palette de couleurs et la vivacité de la maison, favorisant une harmonie totale. Enfin, la piscine suspendue fait partie de ce volume sculpté, intensément blanc, entrecoupé par l’authenticité du marbre et ses motifs irréguliers, qui semblent indiquer le chemin de l’entrée et marquer les zones d’accès. Pleins et vides, poids et légèreté, lumière et ombre, intérieur et extérieur se rencontrent dans des zones agréables, abritées ou délibérément exposées, pour profiter du lieu et de l’horizon, si lointain mais aussi pur et linéaire que la maison. Chapeau Monsieur l’architecte !
Photos : © Fernando Guerra FG+SG
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