Créée en 1986, l’agence Shinichi Ogawa & Associates prône sa passion pour une architecture peu diserte. Découverte du monde discret de Shinichi Ogawa, un esthète japonais qui donne une réponse maîtrisée aux caprices et aux excès de la vie.
C’est dans le sud du Japon que Shinichi Ogawa naît en 1955. À Yamaguchi plus précisément, une ville de taille moyenne. Rien en particulier ne laisse présager que le jeune Shinichi puisse y puiser son inspiration… Rien ou peut-être le vert de la nature qui enveloppe délicatement la ville. Mais la révélation sera pour plus tard, à l’étranger, là où le talent prometteur d’Ogawa va enfin se déclarer. Une bourse d’étude en poche, le jeune homme quitte les bancs de l’université de Nihon pour rejoindre les Etats-Unis. Ce sera d’abord au travers d’un échange, puis enfin, un placement dans la grande agence de Paul Rudolph. À New York. Une expérience qui ne pourrait être tout à fait anodine, tant le nom de l’architecte américain résonne encore aujourd’hui comme une référence en la matière. Celle de la complexité d’un travail méticuleux sur les espaces. Mais aussi celle de la simplicité d’un design étudié pour répondre tout autant aux modes de vie qu’au monde naturel qui l’entoure. C’est sans doute sur ce point que le maître inspire directement le jeune homme japonais. Une concorde sur cette place que la nature doit jouer vis-à-vis d’un bâti souvent obstruant. Mais au-delà de cette sensibilité, demeure la traduction que chacun en fera. Une perception du monde et la mise en scène de cette interprétation. Pour Shinichi Ogawa pourtant, le transfert va de soi. Malgré les tendances, malgré les courants – ou peut-être même contre eux ? –, l’architecte se lance dans ce qui deviendra très vite, sa griffe. Une griffe qu’il couronne par l’ouverture de son agence en 1986 et qui, jusqu’à aujourd’hui, promeut, sans altération, une architecture minimaliste. De ce minimalisme, Ogawa vante la pureté : un trait qui ne faut jamais et n’existe que par son utilité. Au-delà, ce serait sans doute trop chichiteux pour un architecte qui regarde son industrie comme étant au service de l’homme. Il s’agit donc avant tout d’un modèle d’orga- nisation prêt à s’adapter aux différents modes de vie de ses clients. Des modes qui varient selon les jours et les humeurs et auxquels l’architecture doit répondre sans sourciller d’un trait.
Il s’agit bien d’une vision spatiale presque dénudée, d’un univers austère, ascète, fait non pas pour le rester mais plutôt pour offrir une source infinie de réponses aux habitudes, aux usages et aux impulsions. Mais le minimalisme d’Ogawa ne s’arrête pas là. Car tous ses espaces sont des lieux vivants. Plus que du vide à remplir, ils offrent aussi une modularité et une ouverture – ou bien une fermeture ! – sur ce qui les entourent, à savoir la nature, la ville. La vie. Comme ces murs entièrement clos, là pour protéger du regard et du monde extérieur. Ou de l’autre côté, des façades ouvertes sur les jardins ou sur le monde clos de l’habitation, qui sont autant de baies souvent vitrées, reconnectant la vie de la maison à son environnement. Et à l’architecture de s’effacer doucement, aux formes d’être réduites à leur plus simple expression. Et à la nature de reprendre sa place et de l’emporter sur ces constructions si délicates et poétiques.
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